Vivre à Bali : s’acclimater
Rester durablement vivre à Bali, ce n’est pas seulement poser ses valises pour y travailler ou y passer sa retraite, c’est aussi et surtout s’y acclimater. L’archipel Indonésien comprend 13 466 îles (dont 6000 seraient habitées). Bali, rattachée à la province de Java est peuplée d’environ 4 millions d’habitants contre 250 pour la totalité de l’Indonésie. L’activité principale est le tourisme et l’agriculture (notamment la riziculture). Les balinais sont de confession hindou alors que le pays est majoritairement musulman.
S’il faut quelques jours pour se mettre dans le bain des vacances il faut quelques mois voir des années pour s’accoutumer à un nouveau mode de vie. Le « choc culturel » devient pour nombre d’expatriés une raison d’envisager un retour et quand ce n’est pas le cas, le mot « adaptation » prend tout son sens. Ce n’est pas parce qu’on est dans un endroit exotique que « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Les expatriés sont les premières victimes d’arnaques en tout genre et de la corruption. Les arnaques aux placements immobiliers ou à l’investissement dans divers business sont nombreuses et bien souvent montées par des compatriotes!
Le travail
La réglementation en matière de droit du travail pour les étrangers à Bali est très stricte même si elle est parfois contournée par la corruption, ce qui ne facilite pas forcément les choses… Si vous n’avez pas de KITAS (voir notre article sur les visas) vous n’avez pas votre sésame pour percevoir un salaire! Et pour avoir cette autorisation il faut que vous soyez parrainé par votre futur employeur. Ici pas de 35 heures! Cotisations sociales, couverture santé et autres avantages doivent être clairement évoqués avec l’employeur pour ne pas avoir de déconvenues. Tout comme les congés payés, officiellement fixés à 12 jours par an et pour lesquels il faut attendre 6 ans de contrats pour qu’ils soient portés à 2 mois. Les salaires varient selon les régions mais surtout pour les locaux. Un expatrié sans qualification débute généralement avec un salaire net compris dans une fourchette équivalente entre 700 et 1000 euro par mois.
Il existe de nombreuses opportunités de job, de carrière et d’entrepreneuriat. L’Indonésie se situe au 10ème rang mondial économique (et continue de progresser) avec un taux de croissance régulièrement au dessus de 5%. C’est l’occasion de se construire une riche expérience à l’étranger et de prouver vos capacités d’adaptation. Pour mettre toutes les chances de son côté et à moins d’avoir un esprit d’aventurier n’ayant rien à perdre mieux vaut se munir de quelques atouts. Tout d’abord la maîtrise de l’anglais et/ou de l’indonésien d’un niveau suffisant pour s’exprimer dans les relations professionnels, commerciales et administratives est presque incontournable. Nous l’avons éprouvé par nous mêmes… Il est possible de s’en sortir avec un vocabulaire minimum mais cela dépend du contexte, de l’environnement professionnel, des gens qui vous entourent, de vos sources de revenus, de votre capacité d’indépendance, de vos relations sociales, de votre débrouillardise etc.
Avoir un projet avant de débarquer ici vous évitera de ramer autant qu’en France pour décrocher un poste. Dans le cas contraire et comme ailleurs, essayer les annonces locales (Bali Advertiser et la Gazette de Bali), les réseaux (expat blog, facebook, Linkedin, assos d’anciens élèves, amis sur place), les filiales de groupes, les stages en entreprise. Si vous avez une spécialisation ce sera plus facile dès lors que la demande existe dans le secteur d’activité concerné. Par contre sans spécialisation ou sans une bonne raison de vous vendre vous n’aurez aucune chance face au coût de la main d’oeuvre locale ou indonésienne (et oui des travailleurs venus d’autres îles sont payés encore moins cher que les balinais…). Les secteurs porteurs vont de l’hôtellerie à la grande distribution en passant par les métiers des nouvelles technologies ou l’enseignement. Le hic c’est que la délivrance d’un KITAS est assujettie à une seul poste pour une seule entreprise. Il est donc quasi impossible d’occuper 2 emplois à mi-temps en étant dans les règles. Ceci dit il est aussi difficile de respecter des règles qui, en la matière, sont difficilement applicables. Par exemple si un citoyen indonésien possède les qualifications requises pour un poste, il a la priorité face à un étranger. Autre exemple : l’entreprise doit respecter un quota maximum d’étranger dans ses effectifs. Ce qui paraît louable au départ s’avère, en fait, un vrai casse tête à l’arrivée car des entreprises peuvent être privées de savoir-faire humain en raison de lois inadaptées. Si du jour au lendemain trop de salariés indonésiens quittent leur société et que celle-ci n’a pas la possibilité de trouver des remplaçants, elle devra licencier les autres salariés expatriés… Quant on ne respecte pas les règles, salarié ou employeur, et surtout quand on est « boulé » c’est amende, prison ou bakchich et parfois les trois ensembles!
La réglementation en matière de droit du travail et de séjour est actuellement en plein remaniement : renseignez-vous!
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L’argent, avoir les moyens financiers
Une personne seule arrivera à se satisfaire d’un revenu de 1000 à 1500 dollars mensuel, sans grand luxe et avec débrouillardise. Pour une famille avec enfants ce n’est pas la même chose… Les frais de scolarité pour les écoles françaises ou internationales sont en moyenne de 10 à 12.000 dollars par an. Il faut ajouter à cela les mêmes charges qu’en France et plus : loyer, KITAS pour toute la famille, pembantu*, assurances santé, sorties, déplacements, voyages, véhicules, vacances, retour en France, nourriture, vêtements, meubles etc. Bali ce n’est pas l’île de Robinson Crusoé, sauf si c’est réellement votre choix et encore! Quelques repères sur les prix ici. Forum sur le coût de la vie à Bali ici.
Le logement :
le montant des loyers est variable suivant les zones et les prestations. Disons que pour un prix identique à celui de la France vous aurez en plus un environnement agréable avec piscine mais il faudra payer toute de même… Une particularité consiste à obtenir une baisse du prix en fonction de la durée d’occupation du logement. Par exemple nous avons séjourné dans une petite villa une chambre sans piscine, à Ubud pour 300.000 Rp par jour. Quand nous avons loué au mois le loyer est tombé à 6 millions. Nous avons ensuite négocié 5 millions mensuel pour un engagement de 6 mois. Il est possible d’avoir encore un meilleur prix en souscrivant un contrat de 1 à 25 ans mais il faudra payer tous les loyers d’avance… L’acquisition immobilière pour les étrangers n’existe pas en Indonésie. Il s’agit, en résumé, de contrats de locations longue durée reconductibles mais la législation à ce sujet ainsi que ses travers sont assez complexes. Beaucoup d’occidentaux en profitent pour sous-louer sans déclarer mais s’exposent à de lourdes peines!
* Pembantu :
la ou le Pembantu est une (ou un) employée de maison. Avoir du personnel de maison est fortement recommandé si vous voulez vous intégrer et ne pas avoir de soucis avec le Banjar (l’autorité communautaire locale). Couramment les expatriés emploient des aides ménagères pour faire la cuisine, le ménage, la lessive, le repassage et les courses au marché (ce qui permet de faire des économies) et des jardiniers. Les Pembantus sont également chargée(e)s de faire les offrandes quotidiennes dans l’habitation et peuvent se charger des relations administratives avec le Banjar ainsi que du paiement des différentes taxes locales. Les horaires, jours de travail et congés sont à convenir. Parfois les employés peuvent être logés. Les Pembantus sont rémunéré(e)s sur la base du salaire moyen habituel (100 à 150€ mois suivant les tâches, lieu de travail, avantages etc).
Temps libre
A Bali, pratiquement tout est réalisable. Au premier rang des distractions nous trouvons sans doute et à égalité, les sorties nocturnes et les activités sportives. Les bars, pubs, discothèques, restaurants, warung, clubs, établissements de bord de plage sont légions dans le sud. Ubud est réputée comme étant le secteur le plus branché culturellement. Par contre dans certaines zones comme Negara vous ne trouverez rien de tout cela… De nombreux sports sont accessibles sur l’île. Tous les sports nautiques bien sûr, à commencer par le surf et la plongée mais aussi les activités de montagne en passant par les clubs de fitness, les cours particuliers, les jogging sur la plage, le canyoning, le rafting, les sports de combat, les sports d’équipe etc. Côté culturel il existe des complexes cinématographiques sur le secteur Denpasar qui diffusent des films anglais sous-titrés en indonésien. C’est une aventure que d’aller au cinéma ici. Les salles sont hyper climatisées et il faut s’habiller en conséquence, les programmations sont souvent des têtes d’affiches de films d’aventures violents, le son vous brise les tympans, les spectateurs prennent leur repas pendant la séance et commentent souvent avec passion… Il y a de très nombreuses galeries d’art contemporain ou traditionnel et des musées comme le Pacifika sur le Bukit, le Blanco Renaissance Museum ou encore le Neka Art Museum à Ubud. Les temples et les spectacles de danse constituent l’essentiel de l’intérêt touristique. De nombreux cours sont proposés un peu partout : cuisine traditionnelle, végétarienne, raw-food, peinture, danse, musique etc. N’oublions pas les massages et les SPA en grand nombre qui permettent de satisfaire tous les plaisirs en fonction de votre porte monnaie. Il existe des zoos mais nous sommes opposés à ces lieux d’enfermement pour les animaux. Enfin bien entendu depuis Bali de nombreuses excursions sur les îles avoisinantes sont possibles.
La santé
De nombreux avis s’expriment sur le sujet, souvent pour dire que les premiers soins sont corrects mais qu’un évacuation sanitaire sur Singapour est nécessaire en cas de pathologie grave ou d’opération importante. Par exemple, il n’est pas rare ni anormal de demander de l’argent au mari dont la femme est en plein accouchement pour payer la péridurale qui n’était pas prévue au départ…
Personnellement nous avons toujours été très bien soignés pour des soins courants dans de petites cliniques de quartiers. Nous avons pu constaté que le Bali Royal Hospital, à Denpasar, est un bon établissement avec des médecins qualifiés et des tarifs adaptés aux expatriés. En tout cas nous avons été mieux pris en charge en clinique à Bali qu’en France où le service se réduit à peau de chagrin dans certaines cliniques de province. Et en comparaison des pays d’Afrique du nord que nous avons visité, Bali est largement au dessus!
Se sentir en sécurité
Malgré le fait que nous ne nous soyons jamais sentis moins en sécurité à Bali qu’en France il ne faut pas occulter une réalité qui recense de plus en plus d’actes de violences. « Le petit St Tropez asiatique » attise toutes les convoitises… Les vols à l’arraché et dans les villas (y compris en présence des occupants), les agressions se font de plus en plus nombreuses. Les meurtres existent mais pas plus que « chez nous » et certainement moins d’ailleurs… Alors il faut simplement se comporter comme on le ferait n’importe où en France dans une zone touristique ou très fréquentée. Faire attention à son sac, ne pas tenter les voleurs, s’assurer que la maison soit surveillée et correctement fermée, sécuriser ses objets et biens de valeurs etc
La sécurité routière, pour le coup, nous semble tout aussi importante, particulièrement à Bali. Trop de touristes et d’expatriés négligent certaines règles de conduite (qui se fait à gauche) et de prudence et font preuve de trop d’inattention, particulièrement en deux roues. Les routes sont en assez bon état général mais souvent mal entretenues, avec de nombreux nids de poule, très fréquentées, traversées par des vaches, squattées par les chiens… Il faut considérer que la circulation routière, même si elle est réglementée, est organisée de façon plutôt chaotique. L’expression « conduire à la balinaise » est courante quand on revient en France… Si le permis de conduire international ou indonésien est obligatoire pour les « boulés » (étrangers) cela ne signifie pas que les balinais passent un examen pour l’obtenir. Je parle ici du permis deux roues.
Les feux rouges sont régulièrement grillés, les véhicules roulent parfois à contre sens, les queues de poissons sont courantes, les conducteurs qui dorment sur le guidon encore plus, les priorités au carrefour se règlent souvent « les yeux dans les yeux« , à celui qui osera passer le premier… Alors il faut s’habituer à faire de même, au feeling mais avec beaucoup d’attention car si la plupart des accidents sont des accrochages il y a des chocs qui sont violents et parfois fatals! Nous n’avons pas de chiffres officiels mais nous savons par exemple qu’en 2011, en l’espace de 3 mois plus de 700 personnes sont mortes sur les routes de l’île des dieux sans compter les blessés…
Un balinais sur un scooter c’est quelqu’un qui ne roule pas vite mais qui ne regarde pas dans ses rétros, qui porte rarement un casque, qui ne tient pas compte de vos clignotants, qui embarque femme, enfants, bébé, chien, grand-mère et les courses en plus… Mais Bali est le seul endroit au monde où nous avons croisé des conducteurs avec le sourire aux lèvres après avoir reçu un PV…
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