Diverses obligations nous ont contraintes à retourner en France en fin d’année 2014 alors que nous étions expatriés à Bali. D’autres obligations nous ont permises de revenir sur l’île des Dieux pour un court séjour en 2015… Alliant l’utile à l’agréable, nous avions inscrit la visite de la Côte Est et spécialement de la région d’Amed, sur notre agenda. Nous avions entendu tout et son contraire au sujet de cette partie de l’île. Pour certains noctambules, on s’y ennuyait à mourir après un jour ou deux alors que pour les amateurs de fonds marins, c’était l’un des plus beaux spots qu’un plongeur puisse rêver…
Lundi 23 mars 2015 : cap sur le paradis
Nous sommes enchantés et assez excités d’aller voir par nous-mêmes ce que nous réserve ce « coin de paradis » balinais dont nous avons vu de superbes photos sur les pages Facebook des copains et des copines expatriés! Est-ce que Amed répondra à nos attentes plus que Lovina, qui nous a un peu déçu ?
Comme à notre habitude, nous partons de bonne heure (et toujours en scooter) avant que le soleil ne soit trop agressif et pour prendre le temps de quelques pauses sur le trajet. Notre point de départ se situe à 20 minutes environ à l’est de Denpasar, non loin de la plage de Keramas et de celle de Purnama Beach. C’est un spot de surf réputé où se déroulent régulièrement des compétitions et sur lequel les accros se retrouvent tout au long de l’année. Nous allons suivre la côte sur quelques kilomètres avant de nous enfoncer dans les terres.
Nous roulons tout d’abord vers la ville de Klungkung avant de continuer en direction du lac d’altitude « Batur », du même nom que l’ancien volcan qui est à ses pieds. Peu avant le lac, nous bifurquons sur notre droite pour passer entre le Mont Abang et l’imposant Gunung Agung (ne cherchez pas : montagne = gunung en indonésien). Les paysages sont tout simplement sublimes, tout autant que les routes (gros sentiers ?) peuvent être défoncées… Nous ne regrettons pas d’avoir, une fois de plus, pris des chemins de traverses plutôt que les axes principaux. Nous en avons pour notre argent (environ 1 euro d’essence…) et nous en prenons plein la vue. Le temps est au beau fixe, nous profitons du soleil à l’ombre des arbres géants qui bordent le parcours, la pluie ne s’est pas invitée, les balinais rient et sourient sur notre passage, comme toujours. Que demander de plus ?
Besakih : la demeure des Dieux
Nous atteignons bientôt le temple de Besakih. De là nous rejoignions l’océan indien en direction d’Amed au travers d’un enchevêtrement de routes en lacets qui nous offrent toutes de merveilleux points de vue sur les monts et rivières, les rizières et la jungle environnante. « Pura Besakih », c’est « le » temple des temples. Le plus vénéré, le plus visité, sans doute le plus beau… Nous aurions bien aimé nous en rendre compte par nous-mêmes en allant le visiter mais nous n’en n’avons hélas pas eu le temps. Il y a des milliers de temples à Bali. Si vous êtes amateurs de ces lieux de cultes, certains sont incontournables et Besakih est sur la liste. Pour les autres, il y a par exemple Tanah Loth sur l’océan et Tirta Empul avec ses eaux sacrées.
Arrivée à Amed
Une fois arrivés à Amed, nous déjeunons dans un warung sur la rue principale. A priori, après avoir checker l’application « HappyCow » et surfer sur Internet, il n’y a pas de restauration spécifiquement végétarienne dans le secteur. Le premier hébergement que nous remarquons est le bon, il s’agit des « 1001 nuits »! 1001 nuits pour les 1001 vies, si ça c’est pas un signe du destin… Le confort est tout à fait respectable pour le prix, l’accueil est agréable, le petit déjeuner est inclus, il y a une bonne connexion wifi (pour vous envoyer des photos sur Instagram !) et nous sommes à 10 mètres de la plage. Nous négocions 2 nuits à 300.000 Rp au lieu de 400.000. La négociation fait toujours partie du jeu. Tout en respectant notre budget, nous pouvons ainsi laisser quelques pourboires, payer des jus de fruits et acheter des babioles aux enfants sur la plage.
Ambiance rasta
Le temps de se poser, de faire le tour du propriétaire, d’échanger avec nos hôtes et le soleil est déjà en train de se coucher ! Nous sortons dîner en quête d’un lieu avec un peu d’ambiance car à cette époque de l’année les clients se comptent sur le bout des doigts. Nous ne sommes pas en reste quand nous écoutons la musique de ce vieux Bob (Marley) surgir d’un restaurant de plage repeint aux couleurs de l’arc en ciel. Nous sommes séduits par Amed, ses airs de petit village touristique mais pas trop non plus, sa tranquille douceur de vivre, loin de l’agitation de Kuta. S’il existe de part le monde quelques repères de routard en quête de repos pour s’aérer les boots, alors Amed doit en faire partie.
Secteur de Tulamben
Le lendemain, après une nuit bercée par le bruit des vagues (et du ventilateur…) nous partons au nord, à la recherche de l’association Yayasan, dans la région de Tianyar, à quelques kilomètres de Tulamben. Deuxième jour et deuxième « plein la vue » sous un ciel bleu parsemé de nuages éclatants. Côté ouest, ce sont de magnifiques panoramas sur les terres verdoyantes, sur le Gunung Agung puis le Gunung Abang. Côté est, nous longeons l’océan et prenons de temps en temps de petites routes qui nous mènent jusqu’aux plages, criques, temples, centres de plongées ou petits Resorts. La mer est belle et moins polluée que dans les zones fortement urbanisée mais, nul part, on n’échappe aux résidus plastiques et autres mauvaises surprises laissées par les cérémonies religieuses à répétition *.
Au sud du paradis
Le plus beau de ce que nous a offert la région d’Amed nous fut donné, le dernier jour, sur le chemin du retour.
Si nous n’avions privilégié une fois de plus les routes secondaires au détriment des axes principaux, nous n’aurions pas compris pourquoi Bali mérite son surnom de « Côte d’Azur » asiatique.
Enfourchant notre scooter nous avons longé une dernière fois le rivage en direction du sud. Un premier point de vue sur la baie d’Amed est accessible sur les hauteurs dès la sortie du village. Impossible de passer sans s’arrêter, impossible de s’arrêter sans vouloir rester là, éternellement à contempler…
Ensuite, il suffit de reprendre la route et de se laisser conduire le long de la côte. Les paysages maritimes se succèdent tous aussi beaux les uns que les autres. Nous passons à Bunutan, Selang, Seraya, Amlapura avant de faire une pause déjeuner dans un resto « friendly végé » de Candidasa et de rentrer à domicile.
Une adresse d’hébergement parmi d’autres : le Good Karma en photo ci-dessus
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Le meilleur en image
Et là je me dis qu’il faut arrêter de parler et de simplement vous suggérer d’aller vous rendre compte par vous-même en visionnant les photos de l’album consacré à Amed…
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Le mot de la fin
* Nous avons découvert des cadavres de porcelets enveloppés dans des torchons. Les yeux exorbités, les corps gonflés comme des baudruches et sans aucune trace d’égorgement, on se demande si les malheureux animaux n’ont pas été noyés…
Nous savons bien que cela entache l’image d’Epinal habituellement répandue au sujet de Bali mais il faut bien aussi, parler « de ce qui fâche« . C’est donc l’occasion de le faire. Bali n’est pas un no man’s land sans violence, sans pollution et sans corruption. Les pratiques religieuses sont à l’origine de sacrifices d’animaux et d’une pollution (notamment de plastiques) due aux offrandes quotidiennes. Les combats de coqs bien qu’interdits sont monnaie courante. Il n’existe pas de politique de régulation par stérilisation de la population de chiens balinais. Ceux-ci sont régulièrement exterminés par tous les moyens et 70.000 à 100.000 d’entre eux finissent en brochettes. Dans les campagnes, les élevages concentrationnaires de volaille sont légion. Lorsqu’un voleur est attrapé par la population, il risque fort d’être bastonné ou lynché avant que la police n’arrive. Tout le monde ne mange pas à sa faim. Des femmes et leurs enfants font la mendicité dans les rues des grandes villes, aux carrefours routiers ou au sortir des centres commerciaux. Les décharges à ciel ouvert pullulent en tout coin et l’on jette régulièrement de plein camions de détritus dans les rivières. Les eaux qui servent à irriguer les cultures sont polluées et l’eau courante n’est pas potable. La plus grosse décharge de l’île ressemble à une montagne de 15 hectares sur laquelle gravite une population de miséreux.
Bien sûr des associations agissent comme BAWA pour les animaux, Peduli Alam pour la collecte des déchets ou encore Yayasan pour l’éducation des enfants. Les autorités et certains balinais prennent conscience des enjeux et des conséquences économiques pour l’avenir de l’île mais il faudra du temps pour aboutir à des progrès et sans que la corruption n’y fasse ombrage.
Quel intérêt de parler de tout cela dans cet article? L’intérêt c’est de faire une mise au point pour dire que Bali ce n’est pas « que » le paradis et qu’il existe un revers de la médaille. Bali ce n’est pas « mieux » et ce n’est pas « pire » qu’ailleurs. Bali est seulement différent et unique et s’il existe un coin de paradis à Bali, alors pour nous, il est du côté d’Amed…