Samedi 30 août 2014.
Nous avons interviewé Janice Girardi, fondatrice de BAWA.
Janice, quel est l’objet de l’association?
Bali Animal Welfare Association (Association pour le bien-être animal à Bali) existe officiellement depuis 2007. Elle est issue d’une évolution naturelle de mon travail individuel et de partenariats avec d’autres organisations de défense et de protection des animaux. BAWA œuvre pour améliorer la vie des animaux au quotidien et dans l’avenir. Nous sauvons, réhabilitons, adoptons. Nous disposons d’un service pour les animaux et de conseils sur la rage, accessible 24h sur 24 / 7 jours sur 7. Nous disposons de programmes de vaccinations et de stérilisations. Chaque jour, nous nourrissons des centaines de chats et de chiens errants.
Nous soutenons les familles pauvres qui aiment les animaux mais qui ne peuvent pas se permettre de prendre soin d’eux comme il le faudrait. Nous enseignons dans les écoles et les communautés les soins appropriés et le respect des animaux. Nous défendons le droit et la protection des animaux et combattons la cruauté.
Ma vision est que chaque communauté traditionnelle à Bali doit être un sanctuaire pour les animaux. Notre travail participe à la sécurité des touristes à Bali et je souhaiterais seulement qu’il y en ait plus qui nous soutiennent en retour. Le simple prix d’un café ou d’une bière peut sauver une vie!
Ce fut difficile de créer l’association?
Non, pour moi, ce n’est pas difficile de créer un organisme de bienfaisance, c’est juste de plus en plus coûteux… Il faut aussi composer avec les règlements qui changent constamment, tout comme les besoins et les attentes de l’administration qui sont parfois excessifs, flous et changeants. Ici les pouvoirs politiques sont décentralisés. Une autonomie locale et régionale implique de contacter et de satisfaire plusieurs intervenants au sein du gouvernement et parfois auprès de plusieurs individus et entités dans chaque instance réglementaire…
Est-ce qu’il est plus difficile de monter une cellule de défense des animaux en Indonésie, à Bali, plutôt que aux USA?
C’est en effet plus difficile ici. Chaque Rupiah obtenue va aux animaux et j’ai toujours subventionné personnellement notre travail, y compris le contrôle de la rage. Les restrictions nous contraignent. Il y a aussi le fait que les habitants n’ont pas d’éducation ni de formation dans la protection des animaux. Souvent les gens qui aiment leurs animaux, les traitent quand même cruellement par manque de compréhension.
En Occident, il y a des lois efficaces contre la cruauté et des règles qui soutiennent le bien-être et les droits des animaux. BAWA s’efforce d’influer pour des lois indonésiennes actualisées ou modifiées, ce qui nous prend encore beaucoup de temps et de ressources. Avec un système corrompu, comme nous le connaissons ici, c’est encore plus difficile de renforcer les lois existantes. C’est un défi de tous les jours.
Chaque jour nous combattons les mentalités, parfois « justifiées » par la culture et la tradition, qui tolèrent la cruauté. La cruauté est systémique dans la société à cause de pratiques telles que les combats de coqs. Les enfants apprennent que la cruauté envers les animaux est un comportement normal. Nous devons changer les cœurs et les états d’esprit des enfants dès le plus jeune âge. En Occident, les enfants lisent des livres, regardent des émissions, voient des films et apprennent de leur société et de leurs ainés qu’il faut respecter et prendre soin des animaux. Ce n’est pas le cas ici, à Bali, donc cela rend notre travail beaucoup plus difficile. Nous avons besoin de beaucoup plus de ressources pour agrandir notre département éducatif. Nous avons la chance de ne pas avoir d’opposition de la part des parents lorsque nous discutons avec les enfants. J’ai rencontré Jane Goodall et nous avons évoqué cette question. Je lui ai demandé si elle pensait que c’est confus pour les enfants d’apprendre une chose avec BAWA à l’école et de recevoir une autre éducation au sein de leur famille. Elle croit que les graines que nous plantons deviendront de grands arbres d’empathie et de compassion… mais cela ne se fait pas en une seule nuit!
Trouvez-vous qu’il est donc plus complexe de faire fonctionner l’asso aujourd’hui?
Il y a certes des difficultés croissantes. Par exemple, à la suite à de nouvelles réglementations, nous ne pouvons plus accepter de vétérinaires étrangers volontaires pour enseigner à nos propres vétérinaires. Nous avons pourtant besoin de ce soutien, pour certains projets qui demandent plus de ressources que nous n’en n’avons localement. C’est un coup dur pour le développement des compétences et cela désavantage nos vétérinaires locaux dans le secteur de la protection des animaux.
Avoir des animaux malades et blessés dans une destination touristique n’est pas intelligent. Ne pas renforcer les lois contre la cruauté animale dans une destination touristique n’est pas intelligent non plus. La cruauté augmente et par conséquent, les touristes protestent. Certains jurent de ne jamais venir ou revenir à Bali.
Nous avons un véritable réseau de merveilleux sympathisants à travers le monde. Malheureusement, la demande pour nos services ne cesse d’augmenter, tout comme les opérations chirurgicales et divers coûts. Nos ressources ne sont jamais assez suffisantes…
Aujourd’hui quels sont vos besoins?
Nous avons besoin d’une clarté absolue pour toutes les actions que nous engageons sur les recommandations du gouvernement et pour toutes les autorisations promises.
Nous avons besoin de plus de ressources. Si seulement, nous avions un sponsor durable et généreux, nous pourrions faire tellement plus! Nous recevons 30 à 40 appels par jour pour une ambulance mais très peu d’appels débouchent sur un don, pas même 1$. Nous stérilisons plus de 10 chiens par jour mais là aussi nous n’obtenons que rarement des dons. Nous éduquons dans les écoles publiques gratuitement et nous n’avons pas du tout de fonds pour cela … Nous ne pouvons aider que si nous recevons des dons. Nous avons donc besoin du soutien financier des communautés locales, des touristes, des acteurs de l’économie touristique et de la communauté internationale qui se soucie de la protection des animaux et de leur bien-être.
Nous avons aussi besoin que chacun essaie de faire quelque chose. Si vous voyez quelque chose, faites quelque chose. Contacter simplement BAWA quand vous voyez un animal qui a été blessé ou maltraité ou essayer d’amener l’animal chez un bon vétérinaire local, c’est déjà faire quelque chose! Levez-vous pour les droits des animaux et soyez une voix pour ceux qui ne peuvent pas parler pour eux-mêmes.
Bawa est souvent connu pour ses actions envers les chiens. Néanmoins, vous semblez défendre et agir pour toutes les espèces animales, non?
Nous aidons tous les animaux dans le besoin et nous avons le soutien extraordinaire de quelques spécialistes des reptiles, des primates et des animaux marins.
J’ai récemment rencontré, à Ubud, les managers de la Monkey Forest et j’ai le plus grand respect pour leur travail et leur expertise. Ils évaluent actuellement la situation des singes et des cervidés afin d’être certains que leur habitat et leur environnement leur est totalement favorable. Pak Buana, le directeur général, est quelqu’un de sympathique et de très intelligent.
Malgré tout il y a toujours urgence à secourir les chiens. Le gouvernement et les autorités locales ont choisi de les éliminer massivement en réponse à l’épidémie de rage. Des centaines de milliers de chiens ont été empoisonnés. Le marché de la viande de chien représente environ 70000 individus chaque année qui sont cruellement torturés et tués pour être vendus dans les restaurants de viande de chiens que les humains consomment. Les gens commencent aussi à importer des chiens de race à la mode, qui pour la plupart sont gardés en cage ou enchaînés à vie. C’est extrêmement cruel. La résultante est que nous sommes en train de perdre l’espèce balinaise, le chien le plus vieux au monde… Il existe d’ailleurs un documentaire sur le sujet, dont j’ai perdu la trace : « Bali, l’île des chiens ». Avoir des cliniques et des refuges ou les chiens arrivent, la plupart du temps, amaigris n’est pas facile et nous essayons de sauver leur vie de la façon la plus humaine et naturelle possible. Nous pensons que beaucoup de vétérinaires se reposent trop fortement sur les antibiotiques et les drogues fortes. Nous croyons que cela doit être utilisé qu’en cas d’absolue nécessité.
Voulez-vous ajouter quelque chose pour promouvoir Bawa?
J’appelle les amoureux des animaux à travers le monde entier à ouvrir leurs cœurs en soutenant nos nombreux programmes pour améliorer le futur des animaux à Bali. Il est déjà coûteux d’avoir une ambulance disponible 24h sur 24 et 7 jours sur 7 à Bali et nous avons besoin d’une second véhicule de secours avec son équipe. Il est également coûteux de mettre en œuvre les programmes d’éducation et de réformes des lois du bien-être animal, qui sont vitaux pour un changement durable. Souvent, nous luttons pour acheter la nourriture pour des centaines de chiens et chats errants chaque jour. Un repas peut sauver une vie. Nos programmes sont consultables sur notre site Internet.
Notre personnel travaille si dur et avec une telle pression que cela me fend le cœur de ne pas pouvoir leur donner plus de moyens pour obtenir de meilleurs résultats. Tous ceux qui peuvent aider peuvent m’envoyer un email à info@bawabali.com. Tous ceux qui peuvent donner peuvent le faire sur notre page de donation. Chaque petite contribution est utile. Chaque don sauve une vie.
Je pense aussi constamment à la possibilité de pouvoir donner à nos chiens et chats des croquettes végétariennes. Nous dépendons complètement des dons et nous ne pouvons pas obtenir de la nourriture végétarienne. Et puis il y a tellement d’animaux à nourrir… c’est très difficile. Les légumes non biologiques ici non plus, ne sont pas bons pour la santé. Les légumes bio sont rares, pas vraiment bio et plus chers. Ce n’est pas facile mais un jour, nous avons l’espoir d’avoir assez de fonds, ou un sponsor pour tenter les régimes végétariens pour nos chiens et chats.