Vendredi 6 juin 2014
Vous connaissez tous Socrate, l’illustre penseur grec né vers 470 avant Jésus Christ, personnage entouré de légendes et inventeur de la philosophie morale et politique? Alors vous vous doutez bien que ce n’est pas lui que nous avons rencontré… Non la star dont nous avons retrouvé les traces et que nous avons interviewé c’est « le » Socrate de Bali, très connu ici comme étant le boss de la fameuse « Gazette de Bali »! Notez au passage que le Socrate de l’antiquité est répertorié dans quelques listes de végétariens célèbres. Avant cette « seconde vie », Socrate était journaliste TV en France.
Nom : | Socrate Georgiades |
Nationalité : | Française |
Age : | 48 ans |
Situation : | en couple depuis 19 ans |
Enfants : | une fille, Gaïa, 14 ans |
Domicile : | Kuta, Bali, Indonésie |
Activité : | éditeur |
Passions(s) : | le chocolat! |
Qui es-tu Socrate?
Un gars sérieux, inattendu, qui vit ses passions : le journalisme, la voile et l’aventure, le trek et la montagne, le travail avec les paysans et le chocolat, la méditation et le jeûne. Ni dieu, ni maître. Végétarien depuis l’adolescence, 31 ans d’expérience cette année.
Une confidence pour « Les 1001 Vies »?
« Je ne parle pas beaucoup de ma famille dans cette interview mais elle comte beaucoup pour moi. Je pars d’ailleurs en voyage, cet été seul avec ma fille lui faire découvrir la Grèce en backpacker et après on rejoindra ma femme dans sa famille en Italie du sud. »
Ton histoire avec Bali?
Après un long périple sur notre voilier en atlantique et aux Caraïbes, nous avons cherché avec ma femme un endroit où nous poser. Cala a pris quelques années, jusqu’à ce que ma femme vienne en vacances à Bali avec notre fille. Nous cherchions comme beaucoup un endroit accueillant, un peuple chaleureux avec une belle culture, une communauté internationale importante pour ne pas être coupé de nos racines, des écoles internationales et des opportunités pour travailler. Finalement nous sommes restés en Indonésie.
Qu’évoquent en toi ces 3 sujets?
– Voyager :
je pense d’abord à Nicolas Bouvier et à son voyage de 1953 en fiat Toppolino réalisé entre Belgrade et Kaboul, ça a fait l’objet du plus grand livre sur le voyage que je n’ai jamais lu : l’Usage du Monde. Difficile de résumer ce livre mais j’y ai appris la lenteur. Après, l’autre grand voyageur de mes rêves, c’est Bernard Moitessier le navigateur, il a fait naufrage plusieurs fois, toujours reparti avec trois bouts de ficelles. Il m’a appris que si on attend d’être prêt pour partir, on ne quitte jamais le port. J’ai une devise pour le voyage : solvitur ambulando, ça se résout en marchant et il faut se hâter lentement comme disaient encore les Romains, festina lente. J’ai mis trois mois à chaque fois pour traverser l’Atlantique. En vivant à Bali, j’ai l’impression d’être dans les coulisses de la plus grande machine à rêves des voyageurs et ça me fait marrer. Plus trop besoin de voyager mais encore quelques pays à visiter. Depuis quelques années, j’ai découvert la méditation, c’est le moyen le plus dur et le plus accompli pour voyager.
– Changer de vie :
changer de métier, ce n’est pas forcément changer de vie. Pour ma part, j’ai ce que j’appelle mes deux expériences fondatrices : à 29 ans, avoir navigué pendant trois ans sur un vieux rafiot hollandais qui prenait l’eau de partout et puis avoir sauté dans le vide pour vivre à Bali depuis bientôt 10 ans. Le changement de vie, ça rajeunit, ça donne un coup de balai sur toutes nos certitudes, toutes nos pesanteurs, tous nos acquis. Si on ne se met pas en danger pour aller chercher au fond de soi notre instinct de survie, il n’y a pas de vrai changement à mon sens.
– Végétarisme :
j’ai été strictement végétarien à mes débuts pendant l’adolescence, il y avait très peu de végétariens à l’époque en France, c’était difficile de faire face à la pression sociale. Plus tard, j’ai recommencé à manger un peu de poisson en étant plus en paix avec moi-même parce que j’étais capable de les pêcher ou de les chasser. Ici à Bali, on est beaucoup plus facilement végétarien grâce au tofu et au tempe, c’est un bonheur. Se nourrir fait partie d’une culture, je ne jette pas la pierre aux carnivores, je rêve juste qu’on améliore la condition des animaux qu’on élève.